fix me (charles)

• Il a été la honte de sa famille. Six mois auparavant, Charles était encore un lycéen qui allait passer ses examens de fin d'année. Ecole privée, huppée, uniforme. Tout ce qui poussait Charles à vouloir réussir à entrer à Columbia. • Il a un grand frère, Lorenzo. Dix ans de plus que lui. Un grand frère modèle qui a ouvert sa propre entreprise. Un grand frère qui a été déçu de lui. • Ce moment là, il l'a toujours gravé en mémoire. Il avait envie d'annoncer à sa famille son homosexualité car il était perdu et qu'il avait besoin d'aide. Son père l'a giflé,sa mère n'a rien dit et son frère a détourné le regard. Il était la honte de la famille. Il n'eut même pas le temps de dire autre chose que son père l'avait jeté dehors. Porte du chateau fort Hastings fermée pour toujours. • Charles est toujours traumatisé de cet événement, il a perdu confiance en lui et en son avenir. Il est devenu l'ombre de lui même, apeuré de sa propre existence. • Existence bousillée, la rue lui fait peur. Il n'est pas parti de lui même, il n'a rien choisi. Il ne sait même pas comment on vit dans la rue. Les larmes coulent, seulement le premier soir. Il se laisse un seul soir pour être lui même. Apeuré, transi de froid, seul. • Un ou deux jours dans la rue, Charles ne sait plus très bien. Il déteste son nom, son prénom et préfère qu'on l'appelle Charlie. C'est ce qu'il dit aux autres sans abri. Il est un chaton errant. Sans mère ni père pour le guider. • Et puis, un sauveur débarqua. Il devait faire tâche dans le paysage, ce gamin esseulé, sans manteau chaud. Gueule de bourgeois, vie de pauvre. Il ne sait plus rien, Il ne dit plus son nom juste son prénom, Charlie. Charlie, c'est un autre lui. Charles est mort pour toujours. • Il vit maintenant avec Jeremiah, ce policier qui l'a tiré de la rue. Tel un chaton sauvage, il fallut du temps à Charlie pour faire confiance et pour parler. Maintenant il ne le lâche plus. Charlie voit Jeremiah, comme ce frère qui aurait dû être là pour lui. Encore gamin dans sa tête, il a retrouvé des habitudes de lycéen à demander ce qu'il doit faire. Mais il ne fait rien. Charlie a peur de tout,  et s'il travaillait, ça se passerait mal. Il a peur du regard de l'autre. • Charlie aime les garçons mais il sait très bien que jamais personne ne voudra d'un être à l'âme blessée. Ce même garçon à la tête d'enfant sage des beaux quartiers, qui se dessine au feutre noir d'une manière difforme. C'est comme ça qu'il se voit. • Pourtant il a besoin d'amour, beaucoup d'amour et il a besoin qu'on lui ouvre les yeux sur ce qu'il est vraiment. Un garçon comme les autres. Et peut être qu'un jour, il y arrivera.